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Lourdes & Pyrénées : 3 jours entre ferveur, galère et marmottes

On est partis un vendredi de septembre, pas vraiment la meilleure période pour randonner dans les Pyrénées. Mais c’était notre seule dispo, et la météo annonçait grand soleil et 30 degrés dans les terres. Alors on a embarqué nos sacs, nos duvets (pas forcément les bons, spoiler alert), et direction Lourdes.

On est arrivés en fin d’après-midi, sous un ciel éclatant. Première impression : une ville presque vide, avec des rues calmes où il ne se passait rien. On avait réservé un petit hôtel à 35 € la nuit, propre mais vieillot, sans isolation. Le genre d’endroit où tu sais d’avance que tu vas tout entendre de tes voisins mais on ne se laisse pas abattre vu le prix, on pose les sacs et on part explorer.



Et là, changement d’ambiance total. En s’approchant du rocher de la Vierge et de la basilique, on tombe dans une foule compacte et vivante (enfin vivant comme pourraient l'être des têtes blanches de plus de 70 ans). Toutes les nationalités, tous venus pour la même raison, la ferveur religieuse et Sainte Marie, mère de Dieu. Nous, on était là un peu par hasard, parce que Lourdes c’était pratique pour attaquer notre rando. Mais pour certains, c’était clairement le voyage d’une vie. Et rien que ça, ça nous a bluffés. La basilique, immense, grandiose, n’avait rien à envier aux cathédrales italiennes. On se regardait en se disant : “On n’avait pas du tout prévu ça… mais c’est dingue quand même.”



Le soir, affamés, on s’est fait alpaguer par Maïté, 79 ans, devant son resto “Le Roi Albert”. Une boule d’énergie, qui nous a vendu son magret sauce myrtille avec un tel enthousiasme qu’on a craqué. 30 € pour deux, dessert inclus, et des assiettes généreuses : on s’est régalés. Mais ce n’était pas fini. Pendant qu’on mangeait, on voyait passer des groupes avec des cierges, intrigués, on a suivi le mouvement et on est retombés à la basilique… au beau milieu d’une procession. Deux heures de chants, de "Je vous salue Marie" dans toutes les langues, de bougies dans la nuit, des milliers de visages tournés dans la même direction. On ne s’y attendait pas du tout, et c’est ce qui a rendu le moment encore plus fort.

La nuit, par contre, a tenu ses promesses : murs en carton, voisin de 4h du mat, pas lourds au petit matin… Autant dire qu’on n’a pas vraiment dormi. Heureusement, le petit-déj était au top : viennoiseries, fromage, jambon, jus, café. On est repartis le ventre plein et les yeux encore à moitié collés.



On commence la journée par un stop obligatoire à Cauterets pour acheter des sandwiches. Enfin… “acheter” est un grand mot : Arthur est revenu avec deux sandwiches au lieu de quatre. On a bien rigolé et il a dû repartir a la boulangerie. Bref, équipés cette fois, direction le Pont d’Espagne pour attaquer la rando.

Premier spot : le lac de Gaube. 1h15 de marche, et franchement, c’est déjà sublime. Petit conseil : ne vous arrêtez pas au premier point de vue, poussez jusqu’au bout du lac. Quinze minutes de plus, et vous tombez sur une plaine avec un ruisseau qui alimente le lac. Spot parfait pour tremper les pieds et croquer une barre de céréales, ça vous requinquera pour la suite qui est un peu plus sportive. On traverse des forêts, on longe des cascades, puis soudain une immense plaine. Chaque étape ressemble à un nouveau décor de cinéma. Objectif de la journée : dormir au refuge des Oulettes. Mais quand on y arrive vers 15h, on est déçus par le paysage et les ruisseaux sont à sec. On prend notre courage à deux mains et on décide d'affronter la montée monstrueuse que l'on voit d'en bas.



On aurait dû flairer le piège. Ce qui nous attendait, c’était 400 m de dénivelé sur 1,5 km. Des pentes à 30–45 pourcents, sans bâtons. L’enfer. Les 2h45 annoncées se transforment en 3h30, avec en prime une erreur de balisage qui nous fait perdre du temps. On finit par passer le col d’Aratille, déjà 12 km dans les jambes, et derrière… encore deux kilomètres de descente, avec le vent qui fouette et la lumière qui baisse. On atteint enfin le lac d’Aratille vers 19h, presque de nuit, épuisés.

Montage express de la tente, sandwich froid avalé, et au lit. Enfin, au duvet. Et là encore, choix douteux : un duvet zéro degré, l’autre dix degrés (parfait sur le papier, glacial en réalité). Arthur avait oublié son matelas, remplacé par un tapis de sol Décathlon qui ressemblait plus à une planche qu’à autre chose. La nuit a été longue : vent violent qui secouait la tente, froid qui s’infiltrait partout, et moi persuadée qu’un ours allait surgir à chaque bruit. Trois ou quatre heures de sommeil maximum. Arthur, lui, a ronflé. Bien sûr.



Le réveil à 8h nous a à peine arrachés du sac. Lever de soleil raté (ciel bouché), petite pluie fine, et 10 km de descente à se coltiner. Mais les paysages nous réconcilient avec la fatigue. On suit le glacier depuis le col, on longe des cascades, on descend au rythme de l’eau. C’est comme suivre le chemin de la montagne, de la glace au ruisseau.

Et enfin, les rencontres : trois marmottes absolument pas farouches, à trois mètres de nous, parfaites pour les photos. Puis des moutons, puis des chevaux. Ça nous redonne le sourire. Sur le chemin, on croise aussi un papy avec qui on fait copian-copain, qui crie “Jeannooooot !” à tue-tête dans la vallée en cherchant son pote.



On retrouve la voiture à 13h, lessivés mais contents. Dernier stop pour un coca bien frais au café du Pont d’Espagne puis on prend la route direction la maison. Si vous avez le temps, une pause à Pau pour couper la route est une bonne option avec toujours une belle vue sur les montagnes avec le Boulevard des Pyrénées et une ambiance tranquille pour atterrir après l’effort.


Ce qu’on retient ? Qu’on a clairement sous-estimé cette rando. Qu’un tracé de 25 km avec des courbes serrées (AllTrails), ce n’est pas juste “tendu” sur le papier, c’est tendu pour de vrai. Qu’on a besoin de mieux s’équiper (Arthur, pense à ton matelas la prochaine fois). Mais aussi qu’on est capables de se lancer dans une boucle costaude, de tenir, et d’en ressortir fiers.

On en a bavé, mais pas pour rien. Entre la ferveur de Lourdes, les paysages fous des Pyrénées, les marmottes curieuses et le papy qui cherche Jeannot, on s’est créé un vrai week-end d’aventure. Et même si on a mal dormi, même si on a eu froid, même si nos jambes ont crié stop : on est contents de l’avoir vécu.

Alors oui, on vous conseille cette rando. Mais uniquement si vous avez du mental, du souffle et de bons duvets. Sinon, commencez plus petit, et gardez celle-là pour le jour où vous aurez envie de dire : “On en a chié, mais ça valait le coup.”